Chapitre 6
Tuma et Stronius avançaient vers le nord sur des sentiers de montagne longtemps inutilisées. Ce fut le long de cette route un an auparavant que les Skrall avaient fuit de leur dernière forteresse. Les attaques agressives des Baterra les avaient conduits au sud par les Montagnes à Pointes Noires aux frontières du grand désert de Bara Magna. Maintenant deux des leurs étaient en chemin de retour.
« C'est de la folie », dit Stronius. « Vous réalisez cela ».
Personne d'autre dans les légions Skrall n'aurait osé parler ainsi à Tuma. Mais Stronius était un guerrier d'élite connu pour dire ce qui lui traversait l'esprit. Ses services chez les Skrall conduit Tuma à être un peu plus tolérant à l'égard de ses débordements que ce qu'il demandait autrement.
« Alors repartez » dit calmement Tuma. « Je ne vous ai pas ordonné de m'accompagner ».
« Je n'allais pas vous laisser venir ici tout seul », répondit Stronius. Il se détourna de Tuma pour regarder le chemin en avant. « J'ai un devoir de protection envers la vie de mon chef. Et votre vie est doublement en danger ici ».
« Les Baterra et… ? »
Stronius jeta à Tuma un regard contrarié. « Les Baterra sont pâles à côté de ceux à qui vous allez rendre visite, et vous le savez ».
« Nous partageons un ennemi commun » dit Tuma. « Elles seront… raisonnables ».
« Nous les avons abandonnés à cet ennemi » cassa Stronius. « Elles seront impitoyables ».
Les deux avancèrent sur leurs montures pendant plus de deux nuits et un jour. Ils avancèrent sans aucun Baterra, de ce qu'ils savaient. Si les rochers ou les arbres étaient leurs ennemis sous une autre forme, et bien ces ennemis ont choisi de ne pas attaquer. Maintenant, et après, ils firent une pause à la vue d'armure de Skrall salissant le chemin où un de leurs guerriers avait péri au cours d'une longue retraite.
L'aube était encore à quelques heures quand ils sont partis brusquement vers l'est. Toutes les forteresses des Skrall dans cette région avaient été détruites par le Baterra il y a bien longtemps. Logiquement, personne ici ne devrait avoir survécu à l'année précédente. Mais la logique n'avait rien à voir avec ce que Tuma cherchait.
Stronius était le premier à le sentir - une électricité dans l'air, un sentiment accablant qui semblait ralentir tout mouvement. Son esprit se sentit brouillé, son corps lent. Il se retourna pour crier un avertissement à Tuma et cela lui donna l'impression qu'il avait fallut une heure pour effectuer cette action simple.
Tuma ressentit moins d'effet que Stronius, étant un peu plus loin. Il repéra une personne revêtue d'une cape placé sur quelques rochers avoisinant, utilisant une lance en bois. « Vous ! » cria-t-il. « Dites-lui que je veux une audience ! »
La personne revêtue d'une cape inclina la tête, comme surprise par cette demande, puis la mystérieuse disparut parmi les rochers. Quelques minutes plus tard, Stronius retrouva les idées claires. Il jeta un regard à Tuma, qui inclina la tête. Côte à côte, les deux étaient sur leurs montures.
Le ciel s'obscurcit. De chaque côté du passage, plus de personnages revêtues d'une cape scrutèrent les deux Skrall. Leurs visages étaient cachés, mais Tuma pouvait sentir leur haine de la même façon.
Plus en avant, une demi-douzaine de personnage bloquaient la voie. Au delà, une septième reposait sur un trône brut sculpté dans une partie de la montagne elle-même. « Démontez-les » ordonna-t-elle, d'une voix qui était étonnamment douce. Tuma était tendu. Il n'avait pas réalisé que celle-ci était commandait. Son espoir de survivre à ce voyage avait diminué considérablement.
Lui et Stronius descendirent de leurs Coureurs de Roche. La personne assise indiqua alors, « les armes des guerriers ne sont pas autorisées ici ».
« Non » répondit immédiatement Stronius. « Un guerrier d'élite ne donne jamais son arme ».
La personne revêtue d'une cape haussa les épaules. « Alors il peut donner sa vie à la place ».
Une douleur éclata dans la tête de Stronius. Elle était pire que tout ce qu'il n'avait jamais ressenti, pire qu'une lame ou un Thornax pouvait faire. Pourtant aucune arme n'avait jamais touché son corps. La douleur lui arracha un cri perçant pendant qu'il se laissait tomber sur ses genoux.
« Arrêtez ! » Cria Tuma. « Nous sommes venus ici en paix ! »
Un chœur de chuchotements vint de tous les côtés. Le bruit refroidit Tuma pendant qu'il réalisait que ce qu'il entendait était des rires.
« Vous êtes venu ici par peur », dit la personne assise. « Tout comme vous nous avez abandonné, par peur… Tout comme votre espèce nous a bannis il y a des millénaires, par peur. Vous puer cela, Tuma, en dépit de vos puissantes légions, en dépit de vos conquêtes. Vous êtes un guerrier fait de paille ».
Tuma fit trois pas en avant, prêt à enfoncer son épée dans celle qui le tourmentait. Ceci avant que la douleur ne l'ait aussi frappé. Mais il ne se soumis pas à ses pieds, pas même pendant qu'il agonisait de plus en plus, au delà de toutes les limites imaginables. Il avait fait un vœu il y a bien longtemps qu'il avait l'intention de conserver - il ne se mettrait jamais à genoux avant les sœurs des Skrall.
Aussi rapidement qu'elle était apparue, la douleur disparut. Tuma vit Stronius se remettre lentement debout. Il nota que le groupe de guerriers d'élite était toujours étendu au sol.
La personne sur le trône se leva et retira sa capuche. Elle n'utilisait aucun casque ou armure. Son visage était de couleurs gris-sombre, desséché et patiné. Tuma savait que les apparences étaient trompeuses. Bien que son corps pouvait sembler faible par rapport à un guerrier Skrall, les énergies à sa commande étaient plus dévastatrices que n'importe quelle épée ou hache ne pourrait jamais l'être.
« Vous n'êtes pas tombés », dit-elle à Tuma, à sa manière.
« Je préfère rester debout » répondit le chef des Skrall. « Ce pourquoi je suis ici ».
« Vous avez risqué votre santé mentale et votre vie en venant ici ». Elle fit des gestes aux autres femelles revêtues d'une cape. « Elles veulent vous voir morts, et pire que mort… Je ne vois aucune raison de leur refuser ».
Tuma donna le plus léger des haussement d'épaules, reconnaissant que les femmes qui lui faisaient face étaient capables de faire ce qu'elle réclamait - ce n'était pas facile pour lui de l'admettre, mais honnête. « Je pensais que vous étiez une chercheuse de connaissance », dit-il. « Si vous me tuez, vous n'apprendrez jamais ce que je suis venu vous offrir ici ».
« Vous n'avez rien que nous désirions » répondit la femelle avec rétorque. « Et nous n'avons rien à vous donner en échange ».
Elle regagna son siège, son regard ne quittant pas Tuma. Elle le fixa droit dans les yeux pendant qu'elle s'adressait à ses gens.
« Tuez-les », dit-elle. « Tuez-les tous les deux ».
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