La patrouille des Skrall se déplaça à l’aube. Leur cible, Malum, vivait désormais avec les Vorox bestiaux, et tout le monde savait que les Vorox étaient des chasseurs nocturnes. Pendant la journée, ils dormiraient sous le sable et se préparaient pour prendre leurs cibles en embuscade.
Malgré cela, il y avait un silence sinistre parmi les membres de l’unité. De toutes les tribus de Bara Magna, seuls les Vorox ne montraient pas un signe de peur face aux Skrall. Peut-être était-ce parce que leurs cerveaux sauvages étaient trop durs pour connaître la colère. Ou peut-être était-ce parce que, vu les déserts dans lesquels ils vivaient, l’idée de mourir ne portait aucune terreur pour eux.
Le chef de la patrouille garda un œil sur les dunes devant. Les Vorox étaient particulièrement bons pour couvrir les signes de leur présence, quand ils en sentaient le besoin, mais un bon traqueur pouvait toujours distinguer par où ils étaient passés. Leurs tunnels laissaient une visible trace dans les sables, comme si un cyclone miniature était apparu au sol. Une telle chose ne signifiait pas que les Vorox étaient juste en-dessous, puisqu’ils auraient pu descendre dans un trou et émerger d’un autre. Mais un ensemble de traces aussi frais, toujours pas recouvert par le vent, pouvait laisser croire que les Vorox n’étaient pas bien loin. Et, où qu’ils soient, Malum ne serait pas très loin d’eux.
Il remarqua quelque chose devant. Il semblait qu’environ une douzaine de tunnels avaient été créés dans un terrain de sable sous un chemin. Il était difficile de déterminer à quel point ils étaient récents, étant donné que la roche aurait protégé certains d’entre eux du vent, mais c’était le premier signe que les Skrall avaient vu. Plus intéressant encore, il y avait une caverne naturelle sur la piste proche. Peut-être un refuge pour Malum, à la chaleur du jour ?
Le chef de la patrouille leva la main pour arrêter la marche. Il fit un geste à la moitié du groupe pour entourer les entrées du tunnel, et aux autres pour rester avec lui. Il était temps de poser un piège.
Une demi-douzaine de Skrall chevaucha vers le chemin. Une fois qu’ils y furent, ils continuèrent d’avancer, faisant marcher leurs étalons de pierre en avant et en arrière à travers les sables. S’il y avait des Vorox en-dessous, ils sentiraient les vibrations dans le sol. Sans s’occuper de penser si ce qu’ils entendaient serait un repas potentiel ou la présence d’un ennemi – souvent les deux à la fois – ils viendraient pour enquêter.
Naturellement, ils ne reviendraient pas de la même façon qu’ils étaient descendus. Ils jailliraient du sol derrière les intrus et essayeraient de les prendre par surprise. C’est pourquoi la moitié de la patrouille s’était reculée, en gardant cependant leurs montures parfaitement. Deux pourraient jouer au jeu des embuscades.
Les Skrall attendirent.
Cinq minutes.
Dix.
Vingt. Certains guerriers commençaient à se demander si les Vorox n’étaient pas déjà partis depuis longtemps.
Ils eurent leur réponse, mais pas de la façon dont ils s’y attendaient. Le sol s’ouvrit soudainement sous les Skrall de réserve, les faisant tomber avec leurs montures dans un gouffre. Les Skrall près du chemin se retournèrent et partirent vers leurs camarades, alors que deux douzaines de Vorox émergèrent de leurs tunnels originaux. En criant, ils lancèrent des épées rudimentaires et des lances dans les dos des cavaliers Skrall. Une lance trouva sa marque sur un étalon de pierre, envoyant tomber la monture et le cavalier dans le sable. Les Vorox allèrent vers le guerrier malchanceux avant qu’il ne puisse se relever, pour s’assurer qu’il ne le puisse plus jamais.
Malum apparut à l’entrée de la caverne, en regardant le carnage avec un sourire sur son visage. Après ce qui s’était passé la nuit précédente, seul un cinglé n’aurait pas deviné une vengeance des Skrall. Il envoya les vorox laisser juste assez de traces pour y mener la patrouille, sans les rendre tellement visibles qu’elles auraient passé pour un piège.
Le chef de la patrouille de Skrall et ses guerriers s’étaient débrouillés pour se sortir du gouffre, en laissant les étalons de pierre derrière eux. En se posant sur le genou, ils visèrent avec leurs lanceurs Thornax et tirèrent. Les sphères explosives et piquantes volèrent dans les rangs des Vorox, faisant s’effondrer un bon nombre de ces bêtes. Les Skrall toujours montés se retournèrent sur leurs selles et tirèrent en rafales eux-mêmes, pour diviser leurs attaquants.
En se regroupant, les Skrall se préparèrent à charger. C’est alors qu’ils entendirent un chœur de rugissements venant de derrière. Au moins cinquante Vorox avaient jailli du sol à environ 500 mètres derrière eux. Le chef de la patrouille ne perdit pas de temps et ordonna aux Skrall sur pieds de rejoindre leurs camarades sur leurs étalons de pierre. Puis ils chargèrent, laissant une petite armée de Vorox dans les poussières et se dirigèrent sur la première vague abattue et Malum.
« Visez en hauteur ! » cria le chef de la patrouille.
Les Skrall chevauchèrent au milieu des Vorox, les attaquant avec leurs épées. Les Skrall montés en arrières tirèrent avec leurs lanceurs sur les roches au-dessus de la caverne de Malum. Leurs tirs abattirent des rochers sur l’ex-Glatorian, le clouant sous une pile de pierres. Derrière eux, la foule de Vorox s’approchait.
Le Skrall dont le chef de la patrouille monta sur l’étalon de pierre s’évanouit et tomba de sa monture, vaincu par une épée de Vorox. Le leader saisit les rênes et pressa le Vorox vers les roches. En atteignant le point où malum était piégé, il descendit froidement et visa la tête du Glatorian avec son lanceur.
« Retournez dans vos trous, » cria-t-il aux Vorox, « Ou il mourra. »
Les bêtes auraient pu ou pas comprendre les mots – les Skrall n’étaient pas sûrs. Mais ils savaient ce qu’ils voyaient et ils comprenaient le ton. Les Vorox ne s’échappèrent pas, mais ils ne continuèrent pas non plus d’attaquer. Ils s’arrêtèrent simplement et attendirent.
« Nous attaquerons maintenant, » dit l’un des guerriers Skrall. « Faisons-les payer pour tout ce qu’ils ont fait. »
« ce sont des vermines, pas meilleures que des cloportes scarabax, » dit un autre. « Exterminons-les tous. »
Le chef de la patrouille acquiesça. Il détestait les Vorox. Ils étaient trop imprédictibles et trop dangereux pour rester en vie. Mais il avait des ordres : rapporter Malum à la cité de Roxtus, en vie. Il y aurait assez de temps plus tard pour satisfaire son besoin de vengeance et anéantir les Vorox.
« Assez, » commanda-t-il. En s’inclinant, il saisit le corps inconscient de Malum par la gorge et le tira hors de la pile de débris. « Nous avons ce que nous sommes venus chercher. Malum affrontera la justice de Tuma… comme toutes ces bêtes, en même temps.
En jetant le corps de Malum sur son étalon de pierre, le chef de la patrouille remonta. Une fois qu’ils ralisèrent ce qui se passait, quelques Vorox commencèrent à attaquer, seulement pour se faire repousser par les gthornax des Skrall. Le reste s’écarta. Etait-ce de la tristesse dans leurs yeux quand ils virent le Skrall chevaucher en arrière avec leur chef ? Les bêtes du désert pouvaient-elles ressentir une telle émotion ? Ou était-ce l’effroi du jour où les Skrall reviendraient, pour chacun d’entre eux ?
Personne… pas même peut-être les Vorox eux-mêmes… personne ne pouvait le dire.
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