Au final, seul Kirbold fut d’accord d’accompagner Crotesius et Tarduk à la recherche de l’Etoile Rouge. Scodonius disait qu’il fallait être fou pour partir chevaucher un Etalon de Pierre si près de la date du tournoi. Et Kyry était pressé de retourner à Vulcanus.
Crotesius suggéra de prendre des véhicules au nord, mais Tarduk rejeta sa suggestion.
« Les Véhicules ne peuvent pas aller là où nous allons, même les traceurs, » dit Tarduk, « de plus, ils font du bruit, et le bruit attire les Chasseurs d’os. Non, nous utiliseront des Rôdeurs des Sables. »
Cela prit un certain temps de trajet et de marchandage pour louer trois des bêtes à un commerçant d’Iconox, surtout comme Tarduk ne disait pas où ils allaient avec. Mais pendant cette courte durée, les trois Agori étaient montés et prêts à commencer leur expédition.
La plus courte route serait d’aller à l’est des Chutes Sombres, puis au nord vers la région volcanique au-dessus des Montagnes de l’Epine Noire. Mais la présence des Skrall, des Vorox et des Chasseurs d’os sur le chemin le rendait aussi le plus dangereux. Donc Tarduk dirigea le petit groupe au Nord-ouest, au-delà du village de Tesara et du pic du Coude et vers les Montagnes de Quartz Blanc. Kirbold, en tant que natif d’Iconox, connaissait assez bien la région. Il y avait des sentiers que prenaient les marchands à travers les pics à la recherche de toute chose de valeur qu’ils pourraient vendre.
Il y faisait froid, encore pire que le désert la nuit. Plus d’une fois, les Rôdeurs des Sables perdirent presque l’équilibre sur la surface lisse du cristal et de la roche. Même si cela rendait les trois Agori nerveux, ils devaient voyager le jour : il serait trop facile de s’écarter du sentier dans l’ombre et peut-être de tomber d’une colline.
Après deux jours, ils s’étaient déplacés assez loin au nord pour être dans un territoire complètement étranger. N’importe quelle créature qui vivait dans cette région ne se serait jamais aventurée dans le désert au sud, puisqu’ils résidaient dans le froid. Crotesius était en alerte constante. Ce fut pourquoi il fut le premier à remarquer qu’ils étaient suivis.
« Devrions-nous nous arrêter ? » demanda Tarduk.
« Non, » répliqua Crotesius, « C’est la pire chose que nous pourrions faire. Nous devons aller plus vite. Peut-être que nous pouvons les perdre. »
Tarduk en douta. Il avait remarqué un de leurs poursuivants. Il ressemblait un peu à un de ces loups des dunes qui vivaient dans le désert. Leurs pattes avait évolué au point d’être capable de traverser les sables les contrées les plus perdues et ils étaient des chasseurs particulièrement doués. Mais, Tarduk se rappela, même s’il y ressemblait, leur traqueur n’était pas une de ces créatures. Pour une première raison, la bête était à moitié composée de métal. Tarduk n’avait jamais rien vu de tel.
« Combien ? » demanda Kirbold.
« Plus d’un, » répondit Crotesius. « Six ou huit, peut-être. Ils sont durs à remarquer. »
Tarduk n’était pas sûr qu’une chose soit capable de se déplacer dans les Montagnes de Quartz Blanc aussi furtivement. Lorsque le jour se leva, cela devint la moindre de leurs inquiétudes. Peu importe à quelle vitesse le groupe se déplaçait, les loups restaient sur leur trace. Peu importe quel tour ils essayaient pour leur échapper – envoyer un Rôdeur des Sables dans un autre direction, les doubler sur leur propre chemin, ou même laisser un partie du précieux ravitaillement de nourriture sur le chemin pour distraire la meute – les loups continuer d’avancer. « Que sont ces choses ? » demanda Tarduk une troisième fois.
Désormais, ils devaient avancer la nuit, qu’ils le veuillent ou non. Kirbold monta sur la monture de Tarduk et Crotesius dirigea le groupe. Même si cela ne poserait probablement pas de problèmes, Crotesius refusa d’allumer une torche, en pensant que les loups verraient la lumière. Tarduk rétorqua qu’ils étaient probablement suivis par l’odeur, mais il ne l’écouta pas.
Ils arrivèrent dans un chemin étroit et sinueux. La face de la montagne était sur le côté droit. Sur la gauche, une falaise tombait dans les ténèbres. La bonne nouvelle était qu’il n’y avait pas de place pour les loups pour se cacher ici. Ils devraient suivre le chemin également ou abandonner, il semblait. La mauvaise nouvelle était que même les Rôdeurs des Sables avaient du mal à garder l’équilibre. Un dérapage, et une personne ne reviendrait pas de ce voyage.
En se déplaçant aussi vite qu’ils osèrent, les trois Agori descendirent sur le chemin. Ensuite, la monture qui portait Kirbold et Tarduk tomba et un ensemble d’outils tomba dans les abysses. Le son de sa chute jusqu’au fond n’arriva jamais.
Kirbold regarda en arrière. Dans la lumière vive des lunes, il ne pouvait pas voir la moindre trace de leurs poursuivants. « Je pense qu’on les a perdus. Pensez-vous qu’on les a perdus ? »
Tarduk regarda au-dessus de son épaule. Il ne vit rien non plus, mais il dit, « Non, je ne pense pas que nous les avons perdu. »
« Moi non plus, » approuva Crotesius.
Le chemin commença à s’élargir, s’approchant de l’aspect d’un plateau. Le soleil se levait, les premiers rayons de soleil se reflétant aux pics de quartz. Crotesius signala à son Rôdeur des Sables de s’arrêter, et Tarduk en fit de même. Ils regardèrent en arrière. Il n’y avait pas un signe de la demi-douzaine de loups couverts de fourrure et de métal qui les suivaient.
« Peut-être qu’ils n’ont pas pu passer le chemin, » dit Crotesius, « ou peut-être ont-ils trouvé une cible plus facile. Dans chacun des cas, je suis content de savoir qu’ils sont partis. »
« Hum, il y a une autre possibilité, » suggéra Tarduk. « Ils ont arrêté de nous suivre parce qu’ils n’avaient plus à le faire.
Crotesius se retourna au son d’un faible aboiement, un son creux, métallique, qui résonnait à travers les montagnes. Alignés sur l’arête devant eux ne se trouvaient pas six des loups, mais soixante. Ils avaient échappé à une meute de chasse seulement pour atterrir droit dans la tanière.
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